Des textes attribuant au Christ les traits de Dieu
A) Eternité de Jésus :
Les Chrétiens
prétendent à propos du Dieu Jésus qu’il existait avant la Création. Ils produisent des preuves dont les paroles attribuées par Jean à Jésus lui-même.
« Abraham, votre père, s’est réjoui à la pensée de voir mon jour, il l’a vu et il en a été heureux… Avant qu’Abraham soit né, je suis. » (Jean 8-56/58). Ils ont faussement compris que le Christ a existé effectivement, avant Abraham et par conséquent qu’il était un être immortel et éternel. Ils ont argumenté leur position par ce qu’a dit Jean au sujet de Jésus :
« Regardez, il vient parmi les nuages. Tous le verront, même ceux qui l’ont transpercé… Je suis l’alpha et l’oméga … » (Apocalypse de Jean 1- 7/8) Dans l’introduction du livre de Jean, ils se sont représentés une existence éternelle du Christ avant la création.
Au commencement de toutes choses, la Parole existait déjà : celui qui est la Parole était avec Dieu et il était Dieu. Il était donc avec Dieu au commencement (Jean 1-1/2) Ces passages fournissent – d’après les Chrétiens – les preuves de son éternité et son intemporalité et donc de sa déification.
Les résultats obtenus par les vérificateurs ne concordent pas avec les croyances des Chrétiens étant donné que la notion de l’existence de Jésus, en os et chair, avant Abraham veut dire que le fils de Marie a été choisi et sélectionné par Dieu avant l’avènement du patriarche. Pierre le confirme – dans la version de la Bible de la compagnie de Jésus-
Dieu l’avait destiné à cela avant la création du monde. (Pierre (I) 1/20). Paul reprend la même idée à son propre sujet et au sujet de ses pareils :
Avant la création du monde, Dieu nous avait déjà choisis pour être saints. (Les Ephésiens 1/4) En plus clair, cela signifie qu’ils ont été
prédestinés à ces missions mais non pas qu’ils ont existé durant cette époque lointaine.
Cette existence symbolique du Christ c’est-à-dire le choix et l’amour divins sont concrétisés par la gloire octroyée par Dieu à ses créatures. Il le reconnaît lui-même :
Maintenant donc, Père, accorde-moi en ta présence la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. (Jean 17/5). C’est la même gloire que Dieu a accordée à ses Apôtres, dès qu’il les a
prédisposés à croire en lui et dès qu’il les a
préparés à sa mission.
Père, les personnes que tu m’as données et je désire qu’elles soient avec moi là où je suis afin qu’elles voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la création du monde. (Jean 17/24) L’amour d’une chose ne nécessite pas obligatoirement son existence ; une personne pouvant aimer l’inexistant ou l’impossible qui n’a jamais existé et qui n’existera jamais.
Notons, avant d’expliquer la vision abrahamique de Jésus, qu’il y a deux sortes de vues : soit un regard par les yeux soit une perception par l’esprit, comme qui dirait « Je trouve que l’Islam est la plus grande des religions
ou je pense que Lamartine est le plus romantique des poètes français» Ces deux exemples font partie de la connaissance par la perspicacité. Abraham a vu le Christ par son intuition, il ne l’a pas vu avant son existence, lors de sa
présence sur terre. Il ne l’a donc jamais aperçu physiquement, son assertion
« Abraham, votre père, s’est réjoui de me voir. » est allégorique et résulte de sa prescience ; en d’autres termes, Abraham a été informé de la mission qui sera confiée à Jésus et cette information l’a réconforté. Quiconque nie cette vérité doit nécessairement produire une preuve qu’Abraham a vu le Fils qui est la deuxième hypostase ou que le fils de la Vierge a vécu du temps du père d’Ismaël et d’Isaac. Le dire de Jésus :
«Oui, c’est la vérité avant qu’Abraham soit né, je suis.» (Jean 8-56/58) ne signifie pas que Jésus a existé depuis des temps immémoriaux.
Puis supposons que Jésus est plus ancien qu’Abraham et que toutes les autres créatures, il y a d’autres humains qui lui ressemblent dans cette ancienneté, comme le prophète Jérémie et à propos de qui Dieu a dit :
Avant de te façonner dans le ventre de ta mère, je te connaissais; avant que tu ne sortes de son ventre je t’ai consacré, je fais de toi un prophète pour les nations (Jérémie 1- 4/5) Il est également enregistré au sujet du même prophète :
Il est celui qui a été consacré dans le ventre de sa mère. (Le Siracide 7/49). Cette connaissance divine de Jérémie est, sans doute, plus noble et plus ancienne que la vision abrahamique de Jésus, mais elle n’implique pas une existence réelle sur terre. D’autres êtres surnaturels s’apparentent à cette
prétendue éternité, comme Jésus. Il est noté dans la marge de la traduction arabe commune de la Bible que certaines traditions juives considèrent Melkisédec, le
prêtre de Salem, comme un être divin, pur et céleste. Quelle est donc l’histoire de ce Melkisédec ?
Les manuscrits découverts à Qoumrâne
précisent que Melkisédec est venu au monde d’une manière bizarre. Sa mère, Sophonie, trop vieille l’a conçu sans avoir eu de rapport sexuel avec un mâle. Le
prêtre Nîr ne l’a pas touchée depuis que Dieu l’a investi dans la
prêtrise. Son épouse, envahie par la honte, se cacha le restant de ses jours. Ensuite, Sophonie informa son mari de sa grossesse puis, brusquement, elle trépassa entre ses bras. L’ange Gabriel apparut à son conjoint et lui confirme : « Cet enfant que la morte porte est un fruit véritable, je l’accueillerai moi-même au Paradis et ainsi tu ne seras pas le père du don de Dieu.» Lorsque Nîr, accompagné de son frère Noë, se
préparait à l’enterrer, le bébé sortit du ventre de la décédée.» Les mêmes documents rapportent que ‘le nourrisson parlait et bénissait le Seigneur’. Son père était rayonnant de bonheur et adressa des louanges à Dieu. Il répétait sans cesse : « Béni soit le Dieu de nos ancêtres, le Seigneur qui ne m’a pas puni, car par sa parole il a créé un grand
prêtre dans le ventre de Sophonie, ma femme.» Quand l’enfant atteint les quarante jours, il fut enlevé de la terre. Aussitôt, Dieu donna cet ordre à Mikaël : «Descends sur terre, prends avec toi le garçon Melkisédec et dépose-le au Jardin d’Eden car le moment du Déluge est proche. Ensuite, je dégagerai les eaux de la surface de la planète, enfin je replacerai l’enfant dans un autre arbre généalogique. Il sera, alors, à la tête de cette descendance des
prêtres.» Ainsi donc Melkisédec rejoignit le ciel n’a point connu de fin terrestre
[1]. Cet être étrange est décrit par Paul comme étant intemporel et éternel :
Ce Melkisédec était roi de Salem et prêtre du Dieu le très haut. Lorsque Abraham revenait de la bataille où il avait vaincu les rois, Melkisédec est allé à sa rencontre et l’a béni…On ne lui connaît ni père ni mère, ni aucun ancêtre, on ne parle nulle part de sa naissance ou de sa mort. Il est semblable au Fils de Dieu, il demeure prêtre pour toujours. (Les Hébreux 7-1/3)
Les Chrétiens n’ont jamais déclaré que Melkisédec était le Fils de Dieu. Pourtant celui-ci ressemble à Jésus sur beaucoup de plans, mieux encore, il le dépasse de plusieurs autres puisque le Christ a été crucifié et est mort et qu’il a une mère - et même un père selon Matthieu et Luc. Melkisédec, lui, est exempt de tout cela et il vit à
présent au Paradis. La question qui se pose d’elle-même : pourquoi les Chrétiens ne mettent-ils pas sur le même pied d’égalité Jésus et Melkisédec, la Bible les ayant considérés égaux :
Le Seigneur l’a juré, il ne s’en repentira pas : « Tu es prêtre pour toujours, à la manière de Melkisédec.» (Les Psaumes 110/4)
Parmi les gens qui ont vécu avant Abraham et qui méritent d’être éternels – si les textes sont pris à la lettre – le prophète Salomon qui fut surnommé sagesse humaine, la sagesse divine s’étant personnifiée en lui et en d’autres humains :
Moi, la sagesse je demeure pour la prudence. J’ai découvert la science de l’opportunité…Le Seigneur m’a engendrée, prémice de son activité, prélude à ses activités anciennes. J’ai été sacrée depuis toujours, dès les origines, dès les premiers temps de la terre… Quand n’étaient pas les sources profondes des eaux, avant que n’aient surgi les montagnes, avant les collines, j’ai été enfantée (Les Proverbes 8-12/25). Salomon ou sagesse humaine – dans la mesure où l’on se contente de l’apparence de l’écrit – demeure l’oint du Seigneur depuis les temps les plus anciens. Quelques Chrétiens avancent l’idée que le livre des Proverbes parle du Christ, mais ils ne se fondent sur aucune preuve. Ce livre a été écrit par le roi et prophète en question car il est porté dans son introduction :
Proverbes de Salomon fils de David.
(Les Proverbes 1/1) et l expression
Mon fils soit attentif à ma sagesse (1/5) revient très souvent, dans de nombreux passages. L’auteur du livre est donc bien Salomon, il parle par le biais de la sagesse divine qui s’est incarnée en lu.
La Bible le décrit comme étant la sapience et quelle sapience ! Ses contemporains ont vu en lui la sagesse divine.
Tout Israël entendit parler du jugement qu’avait rendu le roi –Salomon – et l’on craignit le roi, car on avait vu qu’il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice. (Les Rois (I) 3/28). Le livre continue pour nous montrer cette sagesse qui s’est matérialisée en lui :
Dieu donna à Salomon sagesse et intelligence à profusion ainsi qu’ouverture d’esprit autant qu’il y a de sable au bord de la mer. La sagesse de Salomon surpassa la sagesse de tous les fils de l’Orient et toute la sagesse de l’Egypte. Il fut le plus sage des hommes ; son nom était connu de toutes les nations, alentour… De tous les peuples et de la part de tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de la sagesse de Salomon, des gens vinrent pour entendre sa sagesse. (Les Rois (I) 4-29/34) Et, le livre des Chroniques reprend :
Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël qui a fait les cieux et la terre qui a donné au roi David un fils sage, doué de prudence et d’intelligence qui bâtira une Maison pour le Seigneur et une maison royale pour lui. (Les Chroniques (II) 2/12). Le sage en question c’est Salomon.
L’expression ‘j’ai été lubrifié depuis des temps immémoriaux ‘ne concerne pas uniquement Jésus, fils de Marie puisque l’oint est un qualificatif donné à de nombreuses autres personnalités bénies par Dieu telles les prophètes David et Esaïe. (Voir les Psaumes 45/7 et Esaïe 61/1). On ne peut réserver au seul Jésus le nom de l’oint puisque d’autres, comme lui, furent frictionnés. Face à l’épineux problème que pose le texte du livre des Proverbes, certains Chrétiens soutiennent que l’auteur de ce livret personnifie la sapience de Dieu qui est l’une de Ses Qualités éternelles. Cette même sapience ne peut être Son Acte accordé au prophète Salomon. Cette notion est irrecevable parce que le texte parle d’un prophète sacralisé par l’huile de la bénédiction. Une des Qualités divines ne peut huiler un humain, mais pourquoi le ferait-elle ? Le texte parle d’une sagesse créée tout en sachant qu’elle est ancienne :
Le Seigneur m’a engendrée[2]… J’ai été sacrée depuis toujours, dès les origines, dès les premiers temps de la terre… Quand n’étaient pas les sources profondes des eaux, avant que n’aient surgi les montagnes, avant les collines, j’ai été enfantée (Les Proverbes 8-12/25).
La traduction anglaise de la Bible (
The good news Bible) publiée en1977-1978 a employé le verbe créer et a donc écrit (
The lord created me) au lieu de Dieu m’a engendrée. Nous observons la même remarque dans la version de la Bible de la compagnie de Jésus qui a mentionné : « Le Seigneur m’a créée avant Ses Actes. » Cette sagesse a été créée durant les temps les plus reculés, avant la création des collines et des montagnes.
Il est enregistré dans le Siracide :
Avant toutes choses fut créée la sagesse (Le Siracide 1/4) et plus exactement :
Avant que le temps ne commence, il m’a créée et pour les siècles je ne cesserai pas d’exister (Le Siracide 24/9). Elle n’est pas l’Omniscience, divine et éternelle, mais une partie minime de Sa Sagesse qu’il a donnée aux hommes de ce monde, lucides et raisonnables à la tête desquels figure Salomon,
car on avait vu qu’il y avait en lui une sagesse divine (Les Rois (I) 3/28)
Le lecteur qui médite attentivement les textes
précédents ne trouvera aucune difficulté pour se rendre compte du genre de sagesse dont il est question. Elle est
précieuse :
Car la sagesse est meilleure que le corail et rien n’est plus désirable. (Les Proverbes 8/11) Elle est humaine :
la bouche du juste produit la sagesses (Les Proverbes 10/31). Son premier degré consiste dans la peur de Dieu :
La crainte du Seigneur est le commencement de la Sagesse (
Les Proverbes 9/10). Elle est enfin un don divin à l’homme :
Car c’est le Seigneur qui donne la sagesse (Les Proverbes 2/6) Cette sagesse humaine que Dieu a conférée aux hommes a permis aux rois, aux juges et autres puissants de gouverner les peuples.
Moi, la sagesse j’ai pour demeure la prudence. Je détiens conseil et succès ; à moi l’intelligence, à moi la puissance. Par moi règnent les rois et les grands fixent de justes décrets. Par les princes gouvernent et les notables sont tous de justes juges. Moi, j’aime ceux qui m’aiment et ceux qui sont en quête de moi me trouveront. Richesse et gloire sont avec moi, fortune séculaire et prospérité. Meilleur est mon fruit que l’or, que l’or fin, et mon produit que l’argent de choix. Sur un chemin de justice je m’avance, dans le sentier du droit. Pourvoyant de ressources ceux qui m’aiment, je remplis leurs trésors. (Les Proverbes 8-12/21)
Sans doute, celui qui réfléchit à tout ce qui a été écrit plus haut stipulera que cette sagesse confiée à la personne humaine n’est point une qualité de Dieu, éternelle et intrinsèque. La sagesse divine n’a pas de prix, elle n’alimente pas les biens et les fortunes et ne consolide pas le pouvoir des rois et des sultans. Elle n’émane pas de la bouche des hommes et bien, naturellement elle ne comporte pas la crainte de Dieu, puisqu’elle Lui est inhérente
[3].
B) L’alpha et l’oméga
Les textes du livre de l’Apocalypse attestent que le Christ est l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier de toutes choses. Ces textes ne peuvent servir de preuves dans ces questions qui concernent des milliards d’hommes. Le savantissime Dîdât a insinué que les visions de Jean sont des rêves étranges que toute personne risque de voir lors de son sommeil. Il n’est donc pas question de les prendre au sérieux, ce sont des hallucinations au cours desquelles Jean a vu des animaux ailés avec des yeux à l’avant et des yeux à l’arrière, il a vu d’autres bêtes avec des cornes dans des cornes (Voir l’Apocalyse8/4)…En principe ce sont des délires que peut voir une personne qui a mangé et bu avec excès et qui sont loin d’être de véritables preuves.
En conclusion dans ce livre, Jean nous rapporte ce passage énoncé par les anges – comme il apparaît par le contexte - et qui parle de Jésus :
Moi, Jean j’ai entendu et j’ai vu tout cela. Et, après avoir entendu et vu, je me prosternai, pour l’adorer, aux pieds de l’ange qui me montrai cela. Mais, il me dit : « Garde-toi de le faire ! Je suis un compagnon de service, pour toi et pour tes frères les prophètes et pour ceux qui gardent les paroles de ce livre. C’est Dieu que tu dois adorer.» Puis il me dit : « Ne garde pas secrètes les paroles prophétiques de ce livre, car le temps est proche…Voici, je viens bientôt et ma rétribution est avec moi… Je suis l’alpha et l’oméga, le Premier et le Dernier, le commencement et la fin. (Apocalypse de Jean 22-8/13) Il n’y a, dans ce morceau, aucune transition qui prouve le passage du langage de l’ange à celui du Christ ou à une autre personne. L’ange a dit de lui-même ce que Jean a dit de Jésus. Les Chrétiens voient-ils dans le fils de Marie un dieu ou bien donnent-ils une interprétation comme la nôtre aux textes qui parlent de l’avant-dernier messager divin que Dieu lui accorde Sa Bénédiction et son Salut.
C) L’introduction de l’Evangile de Jean :
Jean, pour prouver la déification de Jésus, a ainsi débuté son Evangile :
Au commencement était le Verbe et le Verbe était tourné vers Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par lui et de ce qui fut, ne fut sans lui. (Jean 1-1/3) Mais les vérificateurs ont pris à son encontre des positions nombreuses et diverses. Citons–en quelques-unes :
Les chercheurs ont observé que ce texte a été plagié sur Philon d’Alexandrie (vers 13 avant J-C à 54 après J-C). Félicien Chalet a écrit à ce propos : « L’origine de l’idée du mot Verbe vient des philosophes Rawaqînîne et des philosophes Juifs. Elle est tirée de ces croyances et de ces hypothèses par Saint Justin et par l’auteur des premières lignes de l’Evangile attribué à Saint Jean.
[4]»
Les mêmes hommes de science pensent que le terme Verbe avec sa composante philosophique est étrangerau milieu de Jésus, à la simplicité de son langage et au dialecte de ses élèves. Le livre des actes des apôtres n’a-t-il pas souligné que Jean, en particulier, était un homme inculte et sans culture :
Ils constataient l’assurance de Pierre et de Jean et, se rendant compte qu’il s’agissait d’hommes sans instruction et de gens quelconques, ils en étaient étonnés. (Les actes des apôtres 4/13)
Dîdât a également remarqué qu’il y a détournement
[5] dans la traduction anglaise, celle-ci a servi à la traduction de la Bible dans toutes les autres langues du monde.
Pour bien comprendre les paroles de Jésus, dans toutes ses réalités, retournons à l’origine grecque. Dans la traduction grecque le vocable Dieu est employé dans le sens défini (τον θεον) quand il a dit : «Le Verbe était chez Dieu.» Il est traduit en langue anglaise par (God) sa première lettre radicale est écrite en majuscule pour exprimer que la déité est véritable et ceci est le premier paragraphe. Ensuite le texte grec continue et nous informe «Le Verbe était Dieu.» (και θεος ην ο λογος ), le mot Dieu est, ici, indéfini. Il devait être traduit en anglais (god) avec une lettre minuscule pour bien rendre que l’idée de la déité était allégorique. Il en va de même du passage de l’Exode : «Je t’établis comme dieu pour le pharaon.» (L’Exode 7/1)Ἰδοὺ δέδωκά σε θεὸν Φαραω καὶ . Le terme dieu dans ce passage de l’Evangile de Jean est indéterminé; il n’est donc pas un nom propre désignant l’Omniprésent. Mais la surprise c’est que l’emploi de ce mot défini concernant la déité (ο θεος) dans la Bible, n’est point donnée à Jésus, mais elle est attribuée à Satan par Paul. Celui-ci l’a ainsi appelé : «Satan, dieu de ce monde, a aveuglé l’intelligence des non croyants» (Corinthiens II- 4/4). Les diverses traductions arabes et anglaises en ont fait un nom indéterminé (a god) alors qu’il est déterminé dans la version grecque (εν οις ο θεος του αιωνος). Ainsi donc l’emploi dans les traductions arabes et internationales du vocable dieu dans l’Evangile de Jean : «Le Verbe est Dieu» est une sorte de fourberie satanique
et de falsification volontaire[6]
Certains traducteurs arabes et étrangers se sont aperçus de l’erreur et l’ont corrigée. Les différentes traductions universelles réalisées dans le Nouveau Monde dont la version arabe ont changé la dite expression par : « La parole était un dieu.» Une annexe particulière leur a été jointe pour faire palper la méprise qui s’y trouve. Nous pouvons lire : « La locution de Jean que le Verbe ou le Logos était (un dieu) ou (divin) ou (comme un dieu) ne se rapporte pas à Dieu qui était avec lui, elle exprime, seulement, une qualité particulière à l’un de ces deux termes mais elle ne
précise pas qu’il s’agit de Dieu.»
Philippe Hertz a rédigé dans la revue ‘La littérature biblique’, tome 92/87 : « Je pense que la force de description du verset de Jean (1/1) ressort très clairement au point de ne pas pouvoir considérer le nom défini.» De son côté, le père Matthieu le pauvre, dans son exégèse de l’Evangile de Jean a mentionné : « Le mot Dieu, dans le manuscrit grec, n’est pas
précédé par un article déterminant…Et puisque le terme Dieu
précédé par ce déterminant veut dire l’Etre Sublime, alors qu’il faut comprendre par sa phrase, dans la seconde proposition, ‘Le verbe était Dieu’ qu’il s’agit de la nature du Verbe, que ce Verbe est divin et qu’il n’est pas Dieu dans Son Etre. Il faut donc lire le vocable Dieu avec le déterminant, autrement il n’y aura plus de différence entre le Verbe et Dieu et donc entre le Père et le Fils. C’est là l’hérésie de Sabilius qui a déclaré que ce sont de simples mots alors que la foi chrétienne affirme que les trois hypostases sont différentes. Le Père n’est point le Fils et le Fils n’est point le Père. Chaque hypostase possède sa singularité divine. Ainsi donc Dieu n’est pas le Verbe et le Verbe n’est pas Dieu complet.
[7] »
Nous sommes en accord complet avec le père Matthieu le pauvre dans ce qu’il a laissé à la postérité concernant la détermination du mot en question mais nous refusons son appréciation qu’ « ici, nous rencontrons une faille très claire de la langue arabe, à savoir que le mot Dieu est toujours défini.» Son affirmation peut donner l’illusion au lecteur l’obligation d’employer le mot Dieu toujours défini dans des sens qui ne lui sont pas propres à cause de la déficience de la langue arabe. Cette remarque n’est pas vraie, il l’a faite par entorse. La bonne preuve c’est que ce mot, dans toutes les traductions universelles à la tête desquelles nous trouvons la traduction anglaise qui refuse l’emploi du mot
a god indéterminé et insiste sur sa détermination
GOD.
Si les vérificateurs ont détourné leurs regards sur tout cela, c’est qu’il existe dans la Bible plusieurs passages montés de toutes pièces qui empêchent les Chrétiens de parler de la déification du Christ.
Premièrement:
Quel est le sens du mot ‘le commencement’? Ils répondront l’éternité, mais ce sens n’est pas immuable. La Bible l’emploie dans d’autres acceptations. Ici, il désigne le début de la création :
Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre….(La Genèse 1/1).Le commencement de la créature est certes ancien, mais il s’est déroulé pendant un laps de temps créé et non pas durant l’éternité. Jésus, parlant de Satan a déclaré :
Votre père, c’est le diable et vous avez la volonté de réaliser les désirs de votre père. Dès le commencement, il s’est attaché à faire mourir l’homme ; il ne s’est pas tenu dans la vérité parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. (Jean8-4/4). Satan est un super assassin des gens depuis le début de la création, mais cela ne veut pas dire qu’il a existé depuis l’éternité, il n’est pas immortel.
Matthieu fait parler Jésus devant les Juifs et conteste une de leurs prescriptions, il leur déclare :
« Pourquoi Moïse a-t-il prescrit de délivrer un certificat de répudiation quand on répudie?» Il leur dit : « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais au commencement il n’en était pas ainsi. (Matthieu 19-7/8). Cela veut dire que la délivrance d’un certificat n’existait pas au commencement de la création et le début de la création est une période de temps créée et ne peut être l’éternité.
Luc a employé le mot ‘début’ avec le sens de durée de temps :
D’après ce que nous ont transmis ceux qui furent, dès le début, des témoins oculaires…(Luc 1/1). Le début ici se rapporte au
prélude de la mission de Jésus. Jean s’en est également servi :
Mes bien-aimés, ce n’est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien, que vous avez depuis le commencement ; ce commandement ancien, c’est la parole que vous avez entendue. (Lettre (I) de Jean 2/7). Le même évangéliste l’a reprise dans la réponse du Christ aux Juifs qui l’avaient interrogé :
Ils lui dirent : « Toi, qui es-tu ? » Jésus leur répondit ; « Ce que je ne cesse de vous dire depuis le commencement. » (Jean 8/25). Toutes ces utilisations du vocable commencement n’expriment pas l’éternité, mais des moments
précis créés.
Pour ce motif, la croyance des Chrétiens qu’il s’agit de l’éternité dans la proposition ‘ au commencement était le Verbe’ est nulle et non avenue. Le terme ‘début’ a été usé dans plusieurs conceptions et il ne peut être accepté dans le sens qu’ils tiennent à lui donner que s’ils
présentent des preuves convaincantes.
Le cheikh Abdellah El–‘Eulmî penche dans son excellent livre }
Une série de causeries{ vers l’idée que le début se rapporte au commencement de la Révélation qui est une bonne nouvelle que les prophètes ont connue comme le dit Jérémie (33/14)
[8].
Deuxièmement:
Quel est le but visé par l’emploi du mot Parole : s’agit-il de Jésus ou bien désigne-t-il autres choses et c’est ce dernier cas qui est vrai dans la Bible. Il veut dire le Livre divin ou Révélation :
La parole de Dieu fut adressée à Jean fils de Zacharie (Luc 3/3) et encore : Il leur répondit : « Ma mère et mes frères, ce sont qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratiquent. » (Luc 8/21) et enfin : Non que la parole de Dieu ait été mise en échec ; en effet tous ceux qui sont de la postérité d’Israël ne sont pas Israël (Les Romains 9/6). Ce mot désigne aussi l’ordre divin de façonner les créatures et rapporté dans les Psaumes :
Par sa parole, le Seigneur a fait les cieux et toute leur armée par le souffle de sa bouche… C’est lui qui a parlé et cela arriva ; lui qui a commandé et cela exista. (Les Psaumes 33-6/9).C’est la raison pour laquelle Jésus fut appelé Parole car il fut créé par elle, sans l’intervention d’un géniteur.
﴾Pour Dieu, il en est de Jésus comme d’Adam qu’il forma de terre, puis il dit : « Sois ! » et il fut[9].
﴿Les deux prophètes se ressemblent quant à leurs naissances, mais se distinguent par plusieurs aspects, ou bien encore selon le premier sens parce qu’il a fait connaître et transmettre la Parole de Dieu.
La menace de Dieu est encore appelée Sa Parole :
On me dit : « Où est donc la parole du Seigneur ? Qu’elle se réalise. » Moi, je n’ai pas abondé dans ton sens en hâtant le malheur, le jour fatal, je ne l’ai pas souhaité. (Jérémie 17-15/16). Jésus d’après ce verset est pareillement appelé le Verbe de Dieu c’est-à-dire le Verbe annonciateur de cette nouvelle déjà
prédite par les autres prophètes, que le Salut et la Bénédiction de Dieu soient sur eux. Aucun livre des prophètes ne renferme la notion du Verbe – le logos –, admise par les Chrétiens et désignant la seconde hypostase de la sainte Trinité. A propos de l’Apocalypse de Jean (19/13) et de son introduction, le Dr Jordhome a écrit : « Ce sont les deux et uniques passages de la Bible qui nomment Jésus le Verbe ou le Verbe de Dieu.
[10]»
Troisièmement :
La meilleure preuve de l’emploi de l’expression ‘Jésus est le Verbe de Dieu’ dans ce paragraphe c’est que Dieu en a usé pour désigner son prophète comme il l’a fait pour nommer les Juges dans la Torah :
Dieu s’est dressé dans l’assemblée divine, au milieu des dieux, il juge : jusqu’à quand jugerez-vous de travers en favorisant les coupables ? (Les Psaumes 82/1). C’est ainsi qu’il a appelé les dignitaires parmi les fils d’Israël :
Je te célèbre de tout mon cœur ; face aux dieux je te chante. (Les Psaumes 138/1) Au paravent, il avait assuré à Moïse à propos d’Aaron :
Il sera ta bouche et tu seras son dieu….(L’Exode 4/16) et bien d’autres exemples.
Quatrièmement :
Son expression ‘Le Verbe était chez Dieu’ n’exprime pas l’appartenance ni l’égalité mais que le Verbe a été créé par Dieu comme l’a dit Eve :
J’ai procréé un homme avec le Seigneur… (La Genèse 4/1). Caïn n’est pas l’égal de Dieu et ne lui ressemble pas malgré qu’il a été créé par lui. Dans un autre passage, il est dit :
Le Seigneur fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du soufre et du feu. Cela venait du ciel et du Seigneur. (La Genèse 19/24). Le soufre et le feu proviennent de Dieu et sur Son Ordre mais ne sont pas égaux au Miséricordieux qu’il soit loué et exalté.
Ainsi, il ressort de l’introduction de l’Evangile de Jean que ses preuves se rapportant à la déité de Jésus sont fausses.
[1]) Les manuscrits de Qoumrâne : les Ecrits entre les deux époques T : 3 – Page 165.
[2]) Il s’agit de la sagesse divine incarnée dans Salomon. (N. T)
[3]) La définition que donne le livre des Proverbes de la sagesse en disant qu’elle est créatrice est, peut-être difficile à comprendre pour le lecteur
: « Je fus maître d’œuvre à son côté, objet de ses délices chaque jour, jouant en sa présence en tout temps, jouant dans son univers terrestre ; et je trouve mes délices parmi les hommes.» (Les Proverbes 8-30/31). Mais, en réalité, c’est là une falsification voulue afin de créer des équivoques et des duplicités. Ce passage dans la version de la compagnie de Jésus est complètement différent. Il est ainsi libellé :
« J’étais devant lui un enfant chéri, jouissant de ses délices de jour en jour, jouant devant lui en chaque instant, dans son univers terrestre.» Il ne s’agit pas ici de sagesse créatrice mais celle de l’enfance qui naît dans la personne depuis son bas–âge et qui se développe et mûrit tout le long de sa vie.
[4]) Voir :
a)
Concis d’histoire des religions de Félicien Chaley – page : 247
b)
Dictionnaire de la Bible – page 903
[6]) Voir :
a)
Deux débats à Stockholm de Ahmed Dîdât- Page : 135/137/
b)
Jésus en Islam Ahmed Dîdât – Page 84/87.
[7])
Exégèse de l’Evangile de Jean - de Matthieu le pauvre –T : 1- P : 35.
[8]) Voir :
Série de rencontres entre un cheikh et un moine de Abdellah El-‘Elmî- Pages : 259/262
[9]) Verset 59 de la sourate d’El-‘Imrâne.
[10])
Le regard des évangélistes sur les fondements de la foi chrétienne de Waïn Jordhome – Page : 319. Le père Matthieu le pauvre pense que le logos c’est-à-dire le Verbe personnifiée ne se trouve pas uniquement dans Jean mais dans toute la Bible. C’st là son opinion personnelle différente de celles des autres exégètes. Il a écrit : « Tous les exégètes considèrent que seul Jean a utilisé le mot logos dans deux passages seulement dans l’introduction de son Evangile et dans l’Apocalypse (19/13) mais en réalité le logos est le nerf central de son Evangile et de sa théologie.» -
Exégèse de l’Evangile de Jean de Matthieu le pauvre T : 1 – Page : 29