La croyance en la Trinité
Les diverses tendances chrétiennes croient en un Dieu Unique quant à Son Essence mais Il est triple quant à ses hypostases. Chacune de celles-ci a sa propre fonction et sa singularité. Le Père a créé le monde, le Fils sauve l’humanité et absout ses péchés et l’Esprit Saint se charge d’affermir l’homme sur l’équité et de le conduire vers la nouvelle re-naissance spirituelle.
Tertullien (vers 155-225) fut le premier homme à introduire l’idée de la Trinité, comme le
précise le dictionnaire de la Bible. Les croyants chrétiens qui se sont fortement opposés à cette notion ont été nommés par l’Eglise les hérétiques. La Trinité était la cause de violentes querelles entre les deux antagonistes et provoqua la convocation de nombreux conciles qui promulguèrent plusieurs excommunications ecclésiastiques. Beaucoup de pères de l’Eglise furent accusés d’hérésie et « La plupart de ceux qui furent taxés d’hérétiques figuraient parmi les maîtres les plus vertueux et les meilleurs.
[1]» Ces hommes intègres que certains de nos contemporains considèrent comme hérétiques ont refusé d’admettre certaines idées et certaines philosophies qui commençaient à ronger l’Eglise. Ils restèrent sur leurs positions et ils ne s’écartaient point des Livres Sacrés, bien naturellement. En effet, ces livres ne renferment pas de convictions concernant la déification de l’Esprit Saint mais c’est bien le contraire que l’on y trouve. En vérité, c’est ce motif qui a poussé les premiers Chrétiens à rejeter des idées comme l’Incarnation, l’éternité du Fils et l’égalité des hypostases.
Cette hostilité faiblit, se dissipa et finit par succomber sous l’effet des excommunications de l’Eglise d’une part, et le marteau et l’enclume de l’empire romain, d’autre part. Ce dernier a facilité l’organisation puis la convocation des conciles qui ont adopté des questions graves comme la déification du Messie et le concept de la Trinité. C’est au cours du concile de Nicée que la déification du Christ fut votée et celui de Constantinople a déifié l’Esprit Saint.
Le concile de Nicée :
Le concile de Nicée s’est tenu en 325 sur ordre de l’empereur païen, Constantin
[2], qui avait instauré, quelques années auparavant, la loi de la tolérance religieuse à travers tout l’empire. Il avait constaté que les tendances entre les diverses Eglises chrétiennes ont brisé l’unité du peuple et éreinté l’entité de l’Etat. Il décida, alors, de convoquer un concile général auquel les différentes sections du Christianisme furent invitées à participer. Il le supervisa en personne et
présida à son ouverture et à son déroulement. Trois cent dix huit (318) évêques des églises orientales, contradictoires pour certaines, répondirent à l’invitation. Par contre, seuls huit évêques des églises du monde occidental étaient
présents. Les débats se déroulèrent durant trois mois sans aboutir à un accord satisfaisant pour l’ensemble des délégués conciliaires.
Les participants étaient répartis en trois catégories :
I) Des monothéistes qui niaient la déification de Jésus, leur porte parole s’appelait Arius (vers 236 à 336) et était soutenu par un millier d’évêques environ, en dehors des assistants.
II) Les partisans qui disent que Jésus jouit d’une existence éternelle avec le Père, qu’il est Lui consubstantiel et qu’il représente, dans leurs croyances, une hypostase indépendante. Si le Messie ne possédait pas ces attributs, il n’aurait jamais eu l’exclusivité de procurer aux hommes le salut éternel. Citons, parmi les tenants de cette doctrine, le pape de Rome (
Saint Sylvestre[3]) (
Alexandre ?) et le jeune polythéiste converti au Christianisme, Athanase. Le livre de l’éducation religieuse chrétienne le décrit ainsi : « Chacun de nous connaît la place privilégiée qu’occupe Saint Athanase dans la Sainte Eglise, à travers les siècles…Il fut
présent au concile de Nicée aux côtés du pape. Il était le combattant honnête pour faire triompher le Messie, comme il a eu l’honneur de rédiger la loi de la foi… Vers la fin de l’an 339, il fut nommé patriarche puis succéda au pape après sa mort.
III) Les partisans du « centre » qui tentaient de rapprocher les deux positions. Ils étaient conduits par Eusèbe, évêque d’Ephèse qui avançait que Jésus n’était pas né du néant mais qu’il est issu du Père depuis les temps immémoriaux. Il possède donc des éléments comparables à celles du Père.
L’attitude d’Eusèbe (vers 265 à 341) est, sans doute, pareille à celle d’Athanase (vers 295 à 373). L’empereur la fit sienne en accord avec les trois cent dix huit (318) évêques qui l’ont adoptée. Ils se positionnèrent contre le reste des participants, affiliés à l’arianisme, contre d’autres groupuscules qui déifiaient Marie et d’autres encore qui affirmaient que les dieux sont au nombre de trois : le Bon, le Mauvais, le Juste et bien d’autres choses.
Les trois cent dix huit évêques ont pris plusieurs décisions dont l’une des plus importantes fut la déification de Jésus. Ils décidèrent également de brûler et de détruire tous les documents et tous les Evangiles qui vont à l’encontre de leurs volontés. Arius et ses fidèles furent excommuniés, toutes les statues furent cassées et seuls les enfants des Chrétiens peuvent
prétendre à des fonctions étatiques
[4]. Arius connut un sort
prédit par Jésus en personne. Il avait dit :
« On vous exclura des synagogues. Et même le moment viendra où ceux qui vous tueront s’imagineront servir Dieu de cette façon. Ils agiront ainsi parce qu’ils n’ont pas connu le Père ni moi.» (Jean 16-2/3) S’ils avaient parfaitement connu Dieu et s’ils l’avaient considéré à Sa juste Valeur, ils ne Lui auraient pas attribué de fils et n’auraient pas déifié celui qui a été giflé et enfanté par une femme.
Le concile a négligé la discussion à propos de l’Esprit Saint et n’a point parlé de sa déification. La querelle à son sujet s’éternisa entre partisans et opposants, sans résultat. C’est le concile de Constantinople qui a pris la décision finale, le concernant, il le déifia et il en fit la troisième hypostase.
Le concile de Constantinople :
Le concile fut réuni pour débattre de la croyance de l’évêque Macdonius de Constantinople. Adhérent de l’arianisme, il refusait la déification de l’Esprit Saint et répétait : « L’Esprit Saint est une création divine, répandue à travers le monde, il ne peut être une hypostase différente du Père et du Fils.» C’est l’empereur Théodose
[5] qui convoqua les cent cinquante (150) évêques qui le composèrent. Ils décrétèrent :
A) La condamnation de la doctrine d’Arius
B) Que l’Esprit Saint est l’Esprit de Dieu et Sa Vie. Les tenants de ce point de vue ajoutèrent à la loi de la foi une prescription concernant cette prise de position. Ainsi la Trinité devint la religion officielle des Chrétiens. Ils ressassaient, pendant la durée du concile « Pour nous, l’Esprit Saint n’est pas autre chose que l’Esprit de Dieu et Dieu n’est rien sans Sa Vie. Si nous disons que l’Esprit Saint est créé, nous dirons que Dieu est créé.»
C) d’anathématiser l’arianisme et de punir sévèrement ses affiliés.
D) d’instaurer certaines lois se rapportant au règlement de l’Eglise et de sa politique
[6].
[1])
Histoire de la pensée chrétienne de l’évêque et Dr Jean Djardjesse El-Khoudhrî – Pages : 3/21.
[2]) Né en 280, il devint empereur en 306 jusqu’à sa mort en 337.
[3]) Il fut élu pape à la tête du Vatican de 314 à 335.
[4]) Voir :
a)
Le Judaïsme et le Christianisme de Mohammed Dhiyâ’ El-Haqq Er-Rahmâne El-A‘dhamî – Pages :302/306.
b)
Le Christianisme sans le Christ de Kâmil Sa‘fâne – Page : 106.
c)
Les croyances des monothéistes chrétiens entre l’Islam et le Christianisme de Housnî El-Atîr – Pages : 79/80.
d)
Ô gens du Livre adoptons une formule commune- de Raoûf Chalabî – Pages : 210/212.
[5]) Né en 343, couronné empereur en 379 et le resta jusqu’à sa mort en 393. (N.T)
[6]Voir :
a)
Ô croyants adoptons une formule commune de Raoûf Chalabî – Pages : 218/221.
b)
Le Judaïsme et le Christianisme de Mohammed Dhiyâ’ El-Haqq Er-Rahmâne El-A‘dhamî – Page : 307.
c)
Le Christianisme d’Ahmed Chalabî- Pages : 124/135.